L’Hôpital général sous Marguerite d’Youville
En 1747, la faillite des Frères Charon incite le Gouverneur de la Nouvelle-France à donner à Marguerite d’Youville et ses compagnes l’administration de l’Hôpital général et de ses terres.
Les Sœurs grises continuent les activités agricoles et décident dès 1754 de construire sur le terrain une boulangerie pour alimenter la communauté locale.
Plan des terrains de la pointe à Callière en 1747/Sœur Saint-Jean-de-la-Croix, s.g.m., vers 1907. Archives des Sœurs grises de Montréal, Fonds général, G02-A-2-08-planche 8
Plan de l’Hôpital général de 1771 à 1792/Sœur Saint-Jean-de-la-Croix, s.g.m., vers 1907. Archives des Sœurs grises de Montréal, Fonds général, G02-A-2-08-planche 15
Un petit cheptel subsistait aussi dans l’enclos de l’hôpital, assurant l’approvisionnement régulier en lait et en viande fraîche.
Inventaire des biens de l’Hôpital général (extrait), 1747. Manuscrit. Archives des Sœurs grises de Montréal, Fonds des Frères Charon, B-1-D-3
Transcription : « Autour des bâtiments / Item deux chevaux sous poil rouge âgés de douze et treize ans / Item quatre grands cochons prestes à mettre à l’angrais / Item quatre nouritureaux / Item huit chapons / Item vingt quatre volailles et un cocq / Item une vache laitière sous poil rouge prenant six ans / Dans le hangard / Item une vieille cariole ferrée avec son travail / Item deux trainées dont une ferrée et l’autre neuve »
Le potager servait à nourrir les résidents de l’hôpital dont le nombre s’élevait à un peu plus de 150 à la fin du XVIIIe siècle. Les registres financiers donnent une idée de ce qui est consommé : blé d’Inde, farine, huile d’olive, beurre, poivre, muscade, girofle, cannelle, citrouilles, framboises, prunes, pommes, oignons, pois, haricots, choux, navets, rabioles, carottes, betteraves, mélasse, cassonade, volaille, œufs, lait, poisson, bière, vin rouge, eau de vie, etc. Si la viande, les céréales et certains légumes sont produits par les fermes que les Sœurs grises exploitent, le reste est acheté au marché.
Jusqu’à la Conquête anglaise en 1763, les Sœurs grises poursuivent les activités de la brasserie initiées par les Frères Charon en 1704. Elles utilisent les céréales de leurs terres et le moulin à vent situé sur le terrain de l’hôpital. Une partie de la production est consommée à l’hôpital et le reste est vendu à des particuliers. La brasserie échappe à l’incendie de l’hôpital survenue en 1765, mais elle est finalement détruite en 1819.