Châteauguay

Par sa longévité, la ferme de Châteauguay a un statut unique dans l’histoire des Sœurs grises. Pendant plus de 200 ans, elle contribue à nourrir les sœurs et les œuvres, en plus de constituer un lieu de rassemblement et de repos pour les religieuses, les pensionnaires et les élèves de leurs institutions.

Acquisition et début

Dès 1761, Marguerite d’Youville commence à louer et affermer des terres sur l’île Saint Bernard, dans la Seigneurie de Châteauguay, afin de nourrir les personnes hébergées à l’Hôpital général. Située à proximité de Montréal, cette vaste seigneurie appartient à Mademoiselle Marie-Anne Robutel de Lanoue, pensionnaire à l’Hôpital général. En 1765, Marguerite d’Youville s’en porte acquéreuse au profit des pauvres hébergés.

Acte de vente de la Seigneurie de Châteauguay (extrait), 8 juin 1765. Manuscrit. Archives des Sœurs grises de Montréal, Fonds de la Seigneurie de Châteauguay, L003-A-6

Cette acquisition permet à la jeune communauté de combler les besoins financiers et surtout alimentaires croissants de l’Hôpital général. En effet, depuis sa prise en charge par les Sœurs grises, l’Hôpital général accueille un nombre sans cesse croissant de personnes (enfants, pauvres, personnes âgées).

Jusqu’en 1854, année de l’abolition du régime seigneurial, les religieuses reçoivent les rentes des censitaires qui y habitent ainsi qu’une partie des productions en nature des terres affermées.

En 1765, la seigneurie s’étend sur deux lieues de largeur et trois lieues de profondeur. Elle est bornée au nord par le fleuve Saint-Laurent et le Lac Saint-Louis, au sud par Beauharnois, à l’est par le Sault Saint-Louis et La Salle puis à l’ouest par la Rivière-du-Loup (rivière Châteauguay). L’île Saint-Bernard se trouve à l’embouchure de la Rivière-du-Loup.

Plan de la seigneurie de Châteauguay, dans Notes et plans (1747-1821)/Sœur Saint-Jean-de-la-Croix, s.g.m., 1907. Archives des Sœurs grises de Montréal, Fonds de l’Administration générale, G06-A-02-08-planche 12

La ferme, située sur l’île Saint-Bernard, fait partie de la seigneurie. Lors de l’achat, plusieurs bâtiments existent déjà sur l’île : un manoir seigneurial et une écurie en bois, une étable, une grange et un moulin à vent. En tant que femme entrepreneure et pragmatique, Marguerite d’Youville fait construire sur l’île de nouveaux bâtiments en pierre : une étable, une grange; un poulailler, une boulangerie, un moulin ainsi qu’une digue pour y acheminer l’eau. Le moulin banal, situé au pied de la colline sur l’île, lui semble trop exposé à la violence des vents et peu accessible aux habitants obligés d’y faire moudre leur grain. Elle en fait construire un autre, de 70 pieds de longueur sur 36 pieds de largeur, au bord de la Rivière-du-Loup.

Plan de l’île Saint-Bernard (1765-1900), dans Relevé/Sœur Saint-Jean-de-la-Croix, s.g.m., 1900. Archives des Sœurs grises de Montréal, Fonds du Manoir de Châteauguay, L004-A-1-1-planche 3

Plan du manoir de Châteauguay et de ses dépendances/F. C. Laberge, 1907. Archives des Sœurs grises de Montréal, Fonds du Manoir de Châteauguay, L004-D-8-2-01

Elle achète des instruments aratoires et augmente le cheptel. Elle ensemence et exploite également le sol fertile de l’île. À cette époque, à peine 90 des 690 arpents de l’île sont défrichés et mis en culture. Tout le reste est couvert d’arbres de toutes sortes : chênes, érables, ormes et noyers.

Pendant plus de deux siècles, les sœurs exploitent la terre et défrichent l’île. Les registres financiers rendent bien compte de la variété des productions et de la rentabilité de la ferme.

Produits de la ferme, 1895-1898. Manuscrit. Archives des Sœurs grises de Montréal, Fonds du Manoir de Châteauguay, L004-H-02

Acquisition et début

Aux champs

Le verger

L'érablière

Le rucher

La ferme et le cheptel

Des femmes et des hommes

Aux champs